mardi 25 décembre 2012

Contre le temps - Geneviève Billette

Paris, 1832.

Évariste Galois vit sa dernière nuit et c'est cette nuit, ponctuée de retours dans le passé, que nous fait vivre Geneviève Billette. Il est assez rare qu'un héros des mathématiques, fusse-t-il romantique, devienne l'objet d'une pièce de théâtre, mais Galois, ce génie éclatant de 20 ans, possèdait les atouts nécessaires. C'est donc son histoire qui nous est livrée sur les planches, son histoire présentée à l'aide d'allers et venues dans le temps tout en faisant intervenir un spectre. Geneviève Billette nous fait vivre la détresse inspirée de Galois, son engagement dans son temps et dans cette poésie pénétrante qu'est l'algèbre. 


C'est en novembre 2011 que le Théâtre d'aujourd'hui présentait Contre le temps. J'ai adoré et je n'ai pas été le seul car Geneviève Billette a été lauréate du prix littéraire 2012 du Gouverneur général dans la catégorie théâtre pour ce merveilleux texte.

lundi 24 décembre 2012

Les dix enfants que madame Ming n'a jamais eus - Éric-Emmanuel Schmitt


La Chine, c'est un secret plus qu'un pays. [E.-E. S.]



Schmitt poursuit avec ce recueil son investigation improvisée du spirituel. C'est ce qu'il a appelé le cycle de l'invisible. Les dix enfants... est comme les autres éléments du cycle plus un conte qu'un roman. Schmitt démontre encore ici qu'il est un conteur accompli, qu'il sait ficeler une histoire, qu'il sait y mettre l'essentiel et l'assaisonner parcimonieusement. On ne lit pas Schmitt pour l'inspiration de sa plume, mais pour pénétrer dans les histoires qu'il nous fabrique, qu'il nous sculpte.


Ce sera ici une dame pipi qui oeuvre dans les toilettes du sous-sol du Grand Hôtel de Yunhai dans la province de Guangdong qui deviendra une rencontre déterminante pour le narrateur, un représentant d'affaires parisien. Madame Ming lui racontera, en plusieurs séances, ses enfants, ses secrets et son sage savoir de Confucius. Et par l'entremise du protagoniste... et de la plume de Schmitt, c'est nous qui en bénéficions.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :


Schmitt
Éric-Emmanuel
L’élixir d’amour 
Schmitt
Éric-Emmanuel
Madame Pylinska et le secret de Chopin



Apostille au Crépuscule, Pour une psychanalyse non freudienne - Michel Onfray

Cette Apostille au Crépuscule propose une aurore... [M.O.]

En huit courts chapitres, Onfray a voulu livrer une réponse au tumulte que la sortie du Crépuscule d'une idole a provoqué. En alternant des chapitres concernés par la psychanalyse freudienne (reprenant, il me semble, des thèses déjà présentes dans le Crépuscule) avec des chapitres consacrés à la psychanalyse non freudienne, Onfray a voulu faire la démonstration que celle-ci a laissé des traces avant Freud, pendant Freud et après lui. Il a voulu en établir la genèse et les conditions. En quatrième de couverture, Onfray nous invite à un chantier exigeant un "intellectuel collectif" et présente l'Apostille comme pouvant en être le manifeste. C'est probablement donner à ce livre une ampleur qu'on ne peut lui reconnaître, mais il s'agit sûrement d'une sérieuse proposition pour un tel chantier.

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Sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Onfray
Michel
Le crépuscule d’une idole, l’affabulation freudienne 



mardi 27 novembre 2012

Arvida - Samuel Archibald



Ma grand-mère la mère de mon père disait souvent :- Y a pas de voleurs à Arvida. [S.A.]

Je me suis engagé dans ce livre sans en savoir grand chose. Je n'avais même pas lu le sous-titre qu'il porte, Histoires. Peut-être aurais-je alors été moins désorienté entre les chapitres? Mais, une fois que j'ai eu compris que l'objet que j'avais entre les mains était un livre de contes, j'ai pu plonger dans les univers hétéroclites d'Archibald, hétéroclites parce que j'ai eu l'impression que, d'une histoire à l'aventure suivante, les repères établis ne servaient plus, l'Arvida ne se reconnaissait plus et tous les cadres s'effritaient. J'en sortais confondu, perplexe et pas très sûr de vouloir m'abandonner au conte suivant. Ceci explique l'intérêt variable que les diverses histoires auront provoqué chez moi. Entre un conte du passé, un rêve éveillé ou un cauchemar nippon, je ne suis pas sorti totalement convaincu par cet Arvida mythique.

mardi 9 octobre 2012

Rationnel mon Q - Ludmilla Duchêne et Agnès Leblanc


Racine carrée de 2, c'est 1,414 et des poussières... Et quelles poussières! Des grains de sable qui empêchent d'écrire racine de 2 comme une fraction. Autrement dit, cette racine n'est pas dans Q. Telle est l'histoire, une vérité mathématique connue et même démontrée depuis longtemps, parfois injustement négligée.
Rationnel mon Q, ce sont 65 exercices de style, soixante-cinq exercices écrits "par amour, pour les mathématiques et pour la littérature". Des exercices qui font, l'un après l'autre et par des voies diverses et originales, la démonstration de l'irrationalité de √2.

À la manière de Queneau qui livrait de 99 façons l'histoire d'une rencontre dans l'autobus S, les auteures s'amusent de pages en pages de l'irrationalité de √2 et de sa démonstration. Et pour cette aventure, les mathématiciennes et poètes se sont assurées de la complicité de Abel, Bourbaki, Lewis Carroll, Euclide, Fellini, Goldbach, Hitchcock, Idéfix, Monsieur Jourdain, Kafka, François Le Lionnais, Mersenne, Perec, Racine, Thalès, Ulysse, Anton Voyl, Zazie et d'autres...

Cela donne de petits bijoux tels cet haïku:
un trait dans le sable  
diagonale inattendue
un nombre nouveau

Les productions Universcience en ont fait ce petit clip de présentation : http://www.dailymotion.com/video/xfdj9a_rationnel-mon-q_tech.

Voir aussi : http://images.math.cnrs.fr/Rationnel-mon-Q.html 

lundi 8 octobre 2012

Le salut de l'Irlande - Jacques Ferron

[Archives, août 1993]
Un vendredi, à la nuit close, je rentrais à pied à la maison, comme j'avais l'habitude de le faire chaque semaine; je venais du collège des frères des Écoles Chrétiennes, à Longueuil, où j'étais pensionnaire. [J.F.]
J'ai renoué avec le docteur-conteur, Ferron, avec une pointe de nostalgie. Ce poète raconteur m'a entrainé dans les courants de la mémoire collective du Québec: un irlandais de deuxième génération se dépeint dans un St-Lambert naissant. Il narre la libération de l'Irlande qui pointe en lui et qui le mènera à se faire effelquois.

Ferron me charme littéralement. Il me guide dans les méandres du passé conté et du passé merveilleux. Ai-je déjà rencontré mon renard, moi qui suis, tel Connie Haffigan, un peu irlandais? Quel est l'animal totémique des Kavanagh?



dimanche 19 août 2012

Des gens très bien - Alexandre Jardin


Né Jardin, je sais qu'il n'est pas nécessaire d'être un monstre pour se révéler un athlète du pire. [A.J.]
Des gens très bien, c'est comme cela que Jardin qualifie son grand-père et les gens qu'il côtoyait, ces gens qui, au temps du gouvernement de Vichy, ont fait le choix d'y collaborer et, par ce fait, de collaborer avec l'Allemagne d'Hitler et ses visées purificatrices. Alexandre Jardin n'offre pas un roman, mais un cri pour se sortir d'un mal-être dans lequel sa famille l'avait plongé. Mais en poussant ce cri, c'est toute une partie de la France qui a semblé réagir, c'est une partie de la France qui s'est senti mal de son passé. C'est donc une oeuvre à la fois très personnelle et à visée plus large que nous offre Jardin.  Cela aurait pu être plus court, plus direct, et ne pas présenter autant de répétitions, mais cela aurait-il eu le même impact? Jardin se fait plus sombre et plus intérieur que jamais, mais, chose importante, il utilise toujours sa plume agile. 

mercredi 15 août 2012

L'homme de la Saskatchewan - Jacques Poulin

- J'ai une drôle de nouvelle à t'apprendre, dit Jack. [J.P.]
Ce sont les sujets fétiches de Poulin qui offrent matière à ce court roman : la ville de Québec, l'écriture, le voyage et l'histoire de l'Amérique. C'est l'univers de Jack Waterman (c'est un nom de plume) qui reprend vie : Francis, son jeune frère, mais aussi la Grande Sauterelle de Volkswagen Blues et son minibus. Jack, consacré à l'écriture de son oeuvre majeure, accepte tout de même, d'être le nègre d'un joueur de hockey qui désire écrire sa biographie. Il refile plutôt le contrat à Francis dont ce sera la première expérience d'écriture. Tous les éléments sont en place pour permettre à Poulin d'y aller de sa poésie en prose et de faire des allers retours entre l'histoire de la Saskatchewan (terre d'origine du hockeyeur) et les découvertes amoureuses de Francis en la ville de Québec.

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De Jacques Poulin, sur Rives et dérives, on trouve aussi:


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L’anglais n’est pas une langue magique
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Jacques
La traduction est une histoire d’amour
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Les yeux bleus de Mistassini
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Un jukebox dans la tête