samedi 12 mai 2012

Makers - Cory Doctorow


Il y a de ces livres qui me poussent à arrêter de lire pendant un moment, qui nécessitent une digestion en bonne et due forme. Makers de Cory Doctorow en est.

C'est un livre qui va aussi vite que le présent, un livre un peu cynique, ce que j'apprécie rarement dans la littérature - il me fallait bien une exception.

Il y est question de la culture Maker, le Do it yourself de l'électronique, qui m'attire depuis un moment même si je n'ai aucun talent manuel ni de connaissance en électronique. Ce qui y apparaît dans toute sa gloire, c'est l'inventivité. De deux génies normaux, premièrement, des artistes, des créateurs. De la masse, ensuite, de tous ces gens qui ont des idées sans avoir les moyens de les réaliser, qui ont des talents complémentaires mais qui ne se rencontrent pas. On y voit un bouillonement rendu possible par une grande initiative capitaliste, la créativité propulsée par la logique du retour sur investissement rapide, de l'occupation précoce d'une niche de marché avant de se retirer aux premiers signes d'une compétition. Et l'humain, tout de même, qui ne baisse pas les bras lorsqu'il voit ce rêve, que Doctorow nomme le New Work, détruit par le mouvement capitaliste même qui l'a rendu possible. L'humain qui persiste dans une jungle qui n'est pas faite pour ses rêves, qui collabore, dans tous les sens du terme.

Dans ces mots transparaît également un thème cher à Doctorow, celui de la culture libre, ici principalement sous la forme de logiciel libre (qu'on peut librement utiliser, partager, modifier, etc.), qui est un des éléments qui s'oppose dans le livre à la mainmise du capitalisme sur la créativité. Justement, Doctorow rend Makers disponible librement (et gratuitement) sous forme de e-book.

Et puisque je me suis remis à lire, je vous parlerai peut-être prochainement, dans un tout autre ordre d'idée, de Gloire incertaine, de Joan Sales, sur la guerre civile espagnole en Catalogne.