jeudi 28 juillet 2016

Alfred Jarry - Ubu et la 'pataphysique

[Archives Décembre 1989]

J'ai rencontré Ubu, je crois, vers la fin de mes études secondaires. Ma copie de Tout Ubu date du milieu des années 70. Mais, j'en avais lu plusieurs extraits précédemment. Pour ce qui est du Docteur Faustroll (Gestes et opinions du docteur Faustroll, 'pataphysicien), j'en avais lu l'intégrale vers 1975, ma copie date toutefois de 1981, année où je l'ai relu. J'ai lu Les jours et les nuits vers 1987-1988, cela m'est apparu comme un roman plus ardu.

Ubu et Faustroll (y compris le grand singe papion Bosse-de-nage, lequel ne savait de parole humaine que : « Ha Ha ») font partie de mes fétiches littéraires découverts par le biais de Vian (Boris), 'pataphysicien émérite (il était Équarisseur de première classe au Collège de 'Pataphysique).

La compagnie de théâtre Ubu qui s'est attardée au théâtre de l'absurde, entre autres, m'a fait revivre quelques bons moments avec le Père Ubu et la mère Ubu dans Ubu cycle (1989).

La 'pataphysique, [cette science des solutions imaginaires qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité], a donné naissance à l'Ouvroir de littérature potentielle (l'Oulipo) qui est une source inextinguible de plusieurs de mes lectures. On a donc là une branche relativement simple dans l'arbre de mes explorations littéraires.

jeudi 14 juillet 2016

Naufrage - Biz

Marieke Van Verden, quarante et un ans, accouche, le visage déformé par la douleur, elle pousse en hurlant. Frédérick Limoges, trente-neuf ans, l'encourage en lui épongeant le front. Il est dépassé, par les événements. [B.]
J'ai eu de la difficulté à lire Naufrage. Non par le style ni par l'écriture, qui coule très bien et qui a la simplicité que certains écrivains de Québec que j'aime bien sont capables d'atteindre. Naufrage, je l'ai perçu tel un drame en plusieurs stades. Le premier, celui de la déchéance dans le travail, de la dérive sur une tablette des archives, bien que supportable, décrit bien ce que plusieurs fonctionnaires vivent quotidiennement dans le marasme de la logique uniquement bureaucratique de décisions discrétionnaires et ministérielles sans fondement.

Puis, j'ai vu venir le second drame, l'ultime. J'ai posé les freins à ma lecture. Je n'étais pas prêt à affronter la suite. La couverture de Naufrage m'a interpellé pendant quelque trois semaines avant que j'accepte de poursuivre.

J'ai alors accompagné Frédérick dans ce qui le détruira complètement, dans sa culpabilité, dans les accusations qui lui sont portées et qu'il s'afflige, dans son couple qui ne peut survivre, dans son être qu'il n'est plus en mesure de contempler.
Je m'endors dans ma tanière, avec un Traité de sémantique appliquée à la gouvernance organisationnelle en guise d'oreiller. [B.]
J'ai bien fait de terminer cette lecture, l'imagination qu'elle comporte confère au drame une touche de vie inventée, mais de vie tout de même.

lundi 11 juillet 2016

Le pianiste - Manuel Vazquez Montalban

[Archives Octobre 1992]
Si la lampe avait eu une ampoule, il l'aurait sans doute allumée. [M. V.M.]
Il s'agit d'une histoire en trois temps et à rebours, une histoire de l'Espagne d'aujourd’hui, d'hier et d'avant-hier où le personnage principal ne joue d'abord qu'un rôle accessoire pour prendre de plus en plus d'ampleur jusqu'à la guerre civile espagnole vue de Paris.

J'ai bien aimé ce roman qui m'a fait pénétrer un univers peu connu, celui de la Catalogne et de la révolution espagnole. Heureusement, mes vieilles lectures anarchistes avaient laissé quelques traces.

La littérature et les lettres en général hydratent la peau et maintiennent l'apparence de jeunesse. [M. V.M.]
Il y a un temps pour se tromper et un temps pour découvrir le pourquoi de l'erreur. [M. V.M.]

lundi 4 juillet 2016

Le partage du monde - Kébir Mustapha Ammi

Voilà. J'ai dix ans et si je t'écris aujourd'hui, c'est pas pour te demander l'aumône, rassure-toi. [K. A.]
On ne peut pas vraiment dire qu'il s'agit d'un roman-route même si le protagoniste, le jeune Brahim, comme il s'est lui-même nommé, dans son errance, parcourt un chemin qui ira, dans un premier temps de Marrakesh à Tanger, de la ville rouge à la ville blanche, dans le but de chevaucher les vagues et la mer vers la France . Le voyage, c'est surtout dans l'esprit et l'âme insouciante de Brahim, qu'on le fait. C'est son voyage dans la vie jusqu'à ses dix ans au moment où il quitte Marrakesh. Le partage du monde, ce sont les efforts de Brahim pour exister, pour être et pour continuer, c'est son parcours, réel et imaginé, vers les pays d'abondance, ses rencontres hors norme, les discours que lui tiennent les ondes et l'échange épistolaire avec le président de la République. Le partage du monde, c'est un regard sur la faim, sur l'indifférence et sur un monde qui, aujourd'hui, doit prendre acte d'une crise sans précédent qui amène des peuples à se déplacer et à chercher ailleurs des raisons de rêver à nouveau.