lundi 26 décembre 2016

La vie secrète du commis comptable - Nicolas Guay

Il y a des matins où l'on se lève du mauvais pied et il y a des matins où l'on voit la vie en rose. [N.G.]
Nicolas Guay (Le machin à écrire)  nous avait offert L'insoutenable gravité de l'être (ou ne pas être) rassemblant des formes courtes, aphorismes, maximes et fragments de twittérature. Il avait regroupé de brèves nouvelles dans Comme un léger malentendu tout en poursuivant l'écriture soutenue de son blogue. La dernière publication des éditions Le machin à écrire explore La vie secrète du commis comptable.
[...] son existence n'était plus que la répétition de processus quotidiens, hebdomadaires et mensuels découpés à l'emporte-pièce, une vie simple dont les paramètres demeuraient dans la moyenne, sans écarts significatifs. [N.G.]
Nicolas Guay nous amène sur un terrain que nous ne soupçonnions pas, l'univers caché du commis comptable, au-delà des clichés, par l'entremise de six nouvelles où les protagonistes sont tous des commis comptables, un monde s'ouvre sur des vies méconnues, sur des parcours autres et plus surprenants qu'on ne le penserait.
Érik était commis comptable. Il  travaillait au service de comptabilité d'un grand bureau d'ingénierie montréalais, occupant un cubicule anonyme au énième étage d'une tour du centre-ville. [N.G.]
Karl est commis-comptable dans une compagnie d'assurance. Il range des nombres, les met en ordre, en fait de belles colonnes, les additionne, les bichonne. [N.G.] 
Du lundi au vendredi, tous les matins, il s'installe à son bureau dans son petit cubicule, il allume son ordinateur et plonge dans ses tableaux de nombres à deux décimales. [N.G.] 
Vous trouverez ici la bande-annonce de La vie secrète du commis comptable.

J'ai pris un littéraire plaisir à m'aventurer à l'intérieur de ces brefs récits de vies.

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Sur Rives et dérives, à propos de Nicolas Guay, on trouve :

Guay
Nicolas
Comme un léger malentendu 
Guay
Nicolas
L’insoutenable gravité de l’être (ou ne pas être) 

lundi 19 décembre 2016

L'immeuble Yacoubian - Alaa El Aswany

[Archives Octobre 2007]
Cent mètres à peine séparent le passage Bahlar où habite Zaki Dessouki de son bureau de l'immeuble Yacoubian, mais il met, tous les matins, une heure à les franchir car il lui faut saluer ses amis de la rue : les marchands de chaussures et leurs commis des deux sexes, les garçons de café, le personnel du cinéma, les habitués du magasin de café brésilien. [A.El A.]
J'ai lu L'immeuble Yacoubian alors que j'étais en voyage à Conakry en Guinée. Cela a donné une lumière particulière sur cette lecture. Les lieux qui s'étalaient devant moi entraient d'une certaine façon en résonance avec ceux qui m'étaient livrés par la lecture. Il y avait une certaine synchronie entre ce que je voyais, je sentais et vivais, et ce que je lisais de telle sorte que la pauvreté de la terrasse de l'immeuble Yacoubian prenait une dimension différente et s'incarnait devant moi. C'est une lecture dont je garde un très bon souvenir.

mardi 13 décembre 2016

Un privé à Babylone - Richard Brautigan


Le 2 janvier 1942 m'a apporté de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles. [R.B.]
Un privé à Babylone, c'est un polar, mais c'est surtout un roman d'imagination, celle débridée de Brautigan qui, comme le Vian de l'Automne à Pékin, se permet des envolées qui pourraient s'approcher de la forme poétique, qui jongle avec une réalité près de l'absurde et de la déchéance et s'aventure du côté du rêve et de Babylone plus souvent qu'à son tour. C.Card, le privé en question, en est un qui parcourt sa vie en la ratant du mieux qu'il peut (sa mère en est assurée). Il habite un taudis pour lequel il doit plusieurs mois de retard, son .38 n'a plus de balles, il n'a plus d'argent pour se nourrir, mais ce soir, il a un rendez-vous avec un client alors tous les rêves sont permis.
À mon avis, l'une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais fait un bon détective privé c'est que je passe trop de temps à Babylone. [R.B.]
Enfin, toujours est-il que c'est comme ça que ça se passe depuis huit ans, depuis 1934, date à laquelle j'ai commencé à penser à Babylone. [R.B.] 
Ses mains étaient si douces qu'on aurait dit des cygnes qui faisaient l'amour par une nuit de pleine lune.  [R.B.]
Quelle douce lecture. Je vous souhaite de découvrir vous aussi le Babylone de Brautigan.
Il est des auteurs dont il est plus difficile de parler que d'autres, Brautigan est de ceux-là pour deux raisons : il connaît à fond l'art de susciter avec son lecteur la connivence. Et si on savait comment il y parvient, il n'y aurait plus connivence, donc son art est du truquage invisible : on ne sait pas comment il fait. [Claude Klotz]

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De Brautigan, sur Rives et dérives, on trouve aussi :

Brautigan
Richard
L’avortement, une histoire romanesque en 1966
Brautigan
Richard
Sucre de pastèque et La pêche à la truite en Amérique 

jeudi 1 décembre 2016

La disparition de Michel O'Toole - Collectif de huit auteurs

Rarement mystère a-t-il été aussi complet. [T.M.]
Huit auteurs, huit fois la même trame, huit nouvelles policières qui réinterprètent un ensemble de faits établis comme une prémisse à ce recueil.

Michel O'Toole, un journaliste indépendant, a disparu alors qu'il parcourait sur une motocyclette la route 389 entre Baie-Comeau et Fermont pour y réaliser un reportage. Il n'y a également aucune trace de sa moto. Il prévoyait raconter l'histoire de la construction des différents tronçons de la route 389, traiter des pourvoiries qui la bordent et de la ville fantôme de Gagnon. De O'Toole, on connaît quelques éléments, irlandais du Nord, il avait immigré au Québec en 2002. On sait peu de choses de ses activités des quarante années passées en Irlande. On sait qu'il maintenait une relation ambiguë avec Érica Gagnon, une ex-collègue, qu'il habitait Baie-Saint-Paul et qu'il vendait ses articles notamment à L'actualité.

Voilà l'essentiel de la trame à partir de laquelle les huit auteurs de ce collectif ont été invités à imaginer ce qui a bien pu advenir de Michel O'Toole. Cette contrainte, c'est donc le prétexte à une exploration littéraire sur le mode polar. La contrainte, les oulipiens le savent bien, peut très bien être génératrice d'invention, de découvertes et de trouvailles. La lecture de ces huit univers parallèles avait quelque chose d'étrange, l'interprétation des faits se transformant au gré des imaginations diverses des auteurs et cela dans des contextes qui diffèrent de si peu. J'en retiens une belle expérience de lecture.