jeudi 21 septembre 2017

Le plongeur - Stéphane Larue

La gratte éclaire de son gyrophare la façade blanchie des immeubles. [S.L.]
Roman hyperréaliste, s'il en est. L'auteur, ou son alter ego, a moins de vingt ans. Il étudie en graphisme au Cégep du Vieux-Montréal. Amateur de musique métal, il a pour projet de dessiner la pochette du groupe de musique de l'un de ses amis. Il a un problème important avec le jeu. Il ne peut voir un bandit manchot (une machine à sous) sans tressaillir, sans avoir l'impulsion incontrôlable de devoir s'asseoir devant l'appareil et d'y insérer l'essentiel de son avoir et de sa vie. Pour tenter de rembourser ses dettes, pour essayer de contribuer au paiement du loyer du co-locataire qui l'héberge, pour éventuellement payer les impressions de ses dessins de pochette, pour jouer encore..., il déserte ses cours et s'insinue dans la plonge d'un restaurant huppé, La Trattoria. On découvrira avec lui un univers, celui de l'arrière-cuisine, un monde sombre où se jouent des amitiés et des luttes et où l'alcool et les drogues ont leur rôle.
La serveuse s’est arrêtée au seuil d’une pièce dont les étagères étaient encombrées de vaisselle. Ça devait être la plonge. C’était une pièce relativement grande, dix pieds par vingt pieds, peut-être. Du côté gauche, on avait entreposé la vaisselle propre. Du côté droit, la sale. Au centre, c’était un champ de bataille où gisaient les vestiges du service du midi. Sur une étagère crasseuse en métal haute et large s’entassaient des piles d’assiettes maculées, des chaudrons recouverts de sauce tomate cramée dans lesquels on avait laissé des louches tordues ou des pinces enduites de couches indifférenciées de jus, des récipients au fond desquels croupissaient des légumes en juliennes molasses ou des restes visqueux de marinade, des plaques de cuisson couvertes de gras et de lambeaux de peau de poulet calcinée.  [S.L.]
Stéphane Larue nous emmène avec lui dans ce monde en faisant usage d'une langue tranchée et vive qui donne aux descriptions leur tonalité crue. J'ai aimé l'hyperréalisme de ce roman montréalais et on peut très bien comprendre qu'il ait pu se mériter le Prix des libraires en 2017.
Une femme, dans un long manteau crème, m'a coupé en laissant un sillage de parfum vanillé. Elle parlait d'une voix cassante au cellulaire. Les talons de ses bottines claquaient sur le trottoir humide. [S.L.] 

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