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dimanche 18 juin 2023

Nous - Evgueni Zamiatine

Je ne fais ici que recopier - mot pour mot - ce que publie aujourd'hui le Journal officiel : Dans cent vingt jours, la construction de l'Intégrale sera achevée. [E.Z.]

J'étais curieux de découvrir ce roman dystopique publié en 1920. C'est en quelque sorte l'ancêtre des romans Le meilleur des mondes, 1984 ou Un bonheur insoutenable. On a accès au journal du personnage principal, D-503. Cet ingénieur et mathématicien travaille à la fabrication de L'Intégral qui sera un vaisseau spatial dont l'objectif sera un prosélytisme actif auprès des civilisations extra-terrestres pour leur faire connaître le bonheur ultime que l'État unitaire offre à ses adeptes. Mais, des rencontres fortuites placent sur le chemin de D-503 des pistes vers d'autres pensées, des sentiments inavouables pour les mondes anciens, le réveil de l'âme et un regard vers la liberté. 

Bien qu'intéressante du point de vue de l'histoire littéraire des contre-utopies, cette lecture m'a laissé un peu insatisfait. On voit l'évolution de la pensée de D-503, de la défense du monde dans lequel il vit jusqu'aux questionnements les plus aigus de cette réalité, mais la langue qu'il utilise, cette façon de donner un vernis mathématique à tous les arguments m'apparaissait trop simpliste, trop formatée et cela me faisait parfois décrocher. Il faut reconnaître toutefois qu'écrire un tel roman en 1920 dans le contexte de l'Union soviétique naissante est formidablement contestataire. 

Vous êtes destinés à soumettre au joug bienfaisant de la raison des êtres inconnus qui habitent d'autres planètes et sont peut-être encore en état de liberté primitive. S'ils refusent de comprendre que nous leur apportons un bonheur mathématiquement exact, notre devoir sera de les obliger à être heureux. [E.Z.]

L'homme a quitté l'état de bête sauvage quand il a construit le premier mur. Il a cessé d'être un homme sauvage quand nous avons construit la Muraille verte, lorsque, grâce à elle, nous avons isolé notre monde mécanisé et parfait du monde irrationnel, informe, des arbres, des oiseaux, des animaux... [E.Z.] 

Les mathématiques - dans ma vie déboussolée le seul îlot de solidité inébranlable - ont, elles aussi, largué les amarres, sont parties à la dérive en tourbillonnant. [E.Z.] 

 

jeudi 24 août 2017

L'armure du Jakolass - Valérian vu par Manu Larcenet

Ô espace infini qui éblouit l'imagination du pauvre attracté terrestre...
Manu Larcenet, l'auteur, entre autres, du Combat ordinaire et du Retour à la terre, nous offre un hommage à Valérian, Laureline, Mézières et Christin. Il ne faut pas y voir une suite de la fabuleuse série, il s'agit bien d'une nouvelle interprétation du thème développé par Mézières et Christin, une relecture se situant dans l'univers imaginé par Larcenet, c'est à la limite un pastiche reconnaissant de l'original. Il faut donc accepter ce contexte et se laisser porter par l'imagination de Larcenet.

René Pérouillard, vénère l'espace, les galaxies entrelacées et les voies lactées où tous les possibles sont aventure... Il le fait savoir par sa poésie naïve à son comparse Jean-Pierre en allongeant plusieurs verres dans son bar favori. Mais, ce soir-là, à la sortie du bar, il est interpellé par Albert qui est accompagné de trois êtres particuliers, les Shingouzs. À partir de ce moment, l'univers de René, ce fumeur alcolo et bedonnant, se transforme et il revivra les aventures qui, semble-t-il, étaient les siennes lors d'une autre vie. Cet exercice de style est très bien mené par Larcenet et c'est un Valérian déjanté auquel on a droit. Je me suis donc laissé porter et j'ai aimé.

jeudi 20 juillet 2017

Il existe d'autres mondes - Pierre Bayard

Chaque fois qu'elle se déshabille devant moi et que son corps surgit à mes yeux dans tout son éclat, je me demande ce qui me vaut cette chance inouïe de passer mes nuits avec Scarlett. [P.B.]
Pierre Bayard qui nous avait offert Comment parler des livres que l'on a pas lus? Pierre Bayard qui s'insinue dans le monde du livre et de la littérature en empruntant diverses portes, en choisissant divers parcours, en traitant le sujet selon des angles toujours plus originaux, nous entraîne ici, par cet essai littéraire, sur le terrain assurément mystérieux des univers parallèles. Il suscite notre curiosité, notre désir d'en savoir plus, de comprendre, si cela était imaginable, l'impact de la théorie des univers parallèles et les traces qu'elle aurait pu laisser sur la littérature, sur nos lectures et donc sur notre vie. Se situant à l'une des frontières multiples entre la science et la science-fiction, il nous convie à une exploration de cette hypothèse, maintenant partagée par plusieurs physiciens, pour y découvrir une possible solution à diverses énigmes que nous a laissées la littérature. Allant des paradoxes des voyages dans le temps au sentiment partagé de déjà-vu, du chat de Schrödinger à la théorie des passages et des glissements entre des univers partageant une grande part de réalité comme dans 1Q84 de Murakami, des écritures inspirées de vies parallèles au plagiat par anticipation, Bayard nous amène par cet exercice ludique de réflexion à saisir que nos lectures sont en quelque sorte des regards sur des univers issus de bifurcations et que souvent les auteurs font office de passeurs.

J'aurai vécu un très beau moment de lecture dans l'étrange univers de Bayard.

Mais qui peut dire avec certitude ce qu'est la lecture juste d'une oeuvre? [P.B.]
..., comme si la lecture donnait cette possibilité, à celui qui se laisse emporter par elle, de passer sans heurt d'un univers dans un autre. [P.B.]
Face aux différentes hypothèses proposées pour résoudre ces énigmes de l'expérience quotidienne, il est juste que, comme aux échecs ou en mathématiques, la solution la plus élégante et la plus simple l'emporte. [P.B.]
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Sur Rives et dérives, à propos de Bayard, on trouve :

Bayard

Pierre

Comment parler des faits qui ne se sont pas produits

09/05/2021

Bayard

Pierre

Comment parler des lieux où l’on n’a pas été?

05/02/2020

Bayard

Pierre

Comment parler des livres que l’on n’a pas lus?

13/06/2009

Bayard

Pierre

Et si les œuvres changeaient d’auteur?

07/10/2019

Bayard

Pierre

Le hors-sujet : Proust et la digression

07/09/2022

Bayard

Pierre

Le plagiat par anticipation

08/11/2023

Bayard

Pierre

Le titanic fera naufrage

26/09/2020



lundi 1 mai 2017

Le problème à trois corps - Liu Cixin

L'assaut de l'Union rouge contre le quartier général de la brigade du 28 Avril durait depuis deux jours. [L.C.]
Quel roman de science-fiction surprenant! Une SF qui prend racine au moment de la révolution culturelle en République populaire de Chine, c'est l'oeuvre d'un auteur chinois. Une SF qui s'insinue dans le monde de la physique théorique et de la mécanique orbitale, mais aussi de la quête de signaux en provenance de l'espace. Une SF où le jeu vidéo, la réalité virtuelle et la simulation dans l'histoire du monde jouent un rôle de premier plan. Une SF où une certaine forme de religion et ses dérives sectaires constituent une réponse à l'inconnu qui vient. Une SF où les personnages auraient gagné à prendre plus de relief. Une SF, originellement publiée en Chine en 2007, qui a remporté le prix Hugo 2015 du meilleur roman de science-fiction et de fantastique. Le problème à trois corps, premier tome d'une trilogie, suscite l'intérêt de lecture et le désir d'entamer la suite le plus tôt possible. J'ai plongé avec joie dans l'univers que Liu Cixin nous a concocté.
En Chine, toutes les pensées libres et contestataires, après avoir pris leur envol, finissent toutes un jour ou l'autre par s'écraser sur le sol, car la gravité de la réalité est trop lourde. [L.C.]
À propos de l'enseignement d'une formule mathématique: D'autres enfants auraient dit de la formule qu'elle était astucieuse ou autre chose, mais Dong-dong prétendait que la formule était belle, magnifique, elle en parlait comme si elle louait la beauté d'une fleur sauvage. [L.C.]
Je suis un homme simple et direct, on voit mon cul au fond de ma gorge. [L.C.]